Fiche expérience

Une Caisse alimentaire locale à Dieulefit : pour un accès à une alimentation choisie et de qualité et une résilience alimentaire locale

Une Caisse alimentaire locale à Dieulefit : pour un accès à une alimentation choisie et de qualité et une résilience alimentaire locale

' Le Conseil Local de l'Alimentation de Dieulefit a vu le jour, suite à une action collective entre Mathieu Yon, maraîcher-producteur, Camille Perrin, élue communale et Noé Guiraud, géographe et économiste à l’université Lyon 2. A la suite d’une première expérience avec la mise en place d’un marché de producteurs locaux en septembre 2021, un groupe de citoyens commence à régir les principes d’une caisse d’alimentaire locale.

Son objectif ? Rendre accessible une production locale, de qualité, à des personnes qui n’avaient ni l’habitude, ni les moyens de s’alimenter avec ce type de produits. Le projet essaie de réintroduire de la justice sociale en cherchant à amener une certaine résilience alimentaire sur le territoire avec le slogan “chacun.e contribue selon ses moyens et reçoit selon ses besoins”, et en soutenant les agriculteurs locaux qui s’engagent dans une démarche de responsabilité environnementale et qualitative de leur produits.
image cuisinier

Ustensiles

Le système est simple : un prix appelé “prix juste” est fixé par le producteur.ice. C’est son prix habituel, celui avec lequel il.elle peut vivre. A partir de cette tarification, deux autres sont crées : une à 65%, dit “ accessible”, une deuxième à 125%, dite “solidaire”. Chacun.e participe à faire fonctionner le marché en fonction de son budget, de ses possibilités financières du moment. Il n’y a pas de justification de revenus demandée. Les prix sont affichés, le consommateur décide où il se situe à l’aide de trois couleurs correspondant chacune à une des tarifications, au moment du paiement. Les prix solidaires (125%) financent en partie les prix accessibles. Les producteur.ice.s récupèrent leurs ventes en fonction du prix “juste” et des volumes vendus à la fin de chaque marché. Si la balance, prix accessible/prix solidaire est excédentaire, elle va dans la caisse alimentaire locale mutualisée, (mutualisée entre les producteurs d’un même lieu de ventes, mais aussi entre les différents lieux de ventes), permettant ainsi de pérenniser le fonctionnement pour les prochains marchés. Si la balance est déficitaire, la caisse alimentaire locale mutualisée vient compenser le manque à gagner. Peu à peu, d’autres agriculteur.ices et d’autres points de ventes rejoignent le collectif permettant l’équilibre de cette caisse.

Un système perpétuel se met en route : la pratique des consommateurs des prix ou accessibles ou solidaires crée le dynamisme du projet qui permet par la suite “d’inviter” plus de producteurs à participer.

En termes de moyens humains et financiers, le CLA de Dieulefit est aujourd’hui représenté par une vingtaine de personnes, regroupant une élue, un salarié et des bénévoles. La caisse alimentaire mutualisée est elle constituée d’une quinzaine de producteurs ou transformateurs locaux. Le collectif s’est constitué sous l’égide de l’association locale Villages en Transitions. Il se réunit de manière hebdomadaire autour de plusieurs groupes de travail : gestion de la caisse, conventionnement des agriculteur.ices, ou encore actions de sensibilisation des consommateur.ices. Plus généralement, le collectif vise à repenser l’autonomie alimentaire de la commune, l’accessibilité de cette alimentation ainsi que sa gestion démocratique et travail avec 3 pilliers : les expériences (marchés de producteurs), l’éducation populaire (évènements proposés aux citoyens), et le rapport de force (lien avec le Collectif National). Dans un premier temps, la dynamique collective a été initiée dans le cadre d’un projet de “recherche action” Popsu Territoires qui a duré 1 an sur la résilience alimentaire en milieu rural, et à ce titre, le CLA a bénéficié de la présence et de l’appui actif de Noé Guiraud.
Par la suite, le CLA a pu profiter des financements de la mairie de Dieulefit, puis d’une somme versée par Léa Nature (fondation privée) et, en cours d’attribution, d’une aide financière de la DRAAF (Direction Régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt).
Un point important, ferme et majeur du CLA est de ne pas flécher ces financements vers la caisse alimentaire mutualisée. Ces aides permettent à une organisation humaine de travailler à la mise en place du projet (salariat, administration), la caisse alimentaire mutualisée, quant à elle, doit vivre de la mise en commun des consommateurs et des producteurs seulement.
image livre de recette

Réussites

Le modèle fonctionne bien depuis ses débuts. En deux années d’expériences, la caisse est toujours restée en positif (près de 990 euros à ce jour). Sur la première expérience (marché du Lavoir), la caisse était systématiquement excédentaire, sécurisant ainsi le projet. Puis, peu à peu, un autre public à commencer à venir au marché, et d’autres points de ventes se sont créés, équilibrant, par le principe de mutualisation, la balance prix accessible/prix solidaire. Aujourd’hui, l’objectif est de développer ce fonctionnement en faisant évoluer le système des trois prix vers un moyen de cotisation en amont de l’achat des produits (type monnaie locale ou assimilé), tout en continuant d’essaimer et de partager l’expérience sur d’autres points de vente.

Le collectif est en lien avec le Nouveau Collectif National qui a pris naissance avec l’union des organismes tels que La confédération paysanne, ISF Agrista, Réseau Salariat, Les Greniers d’abondance, Le GRAP, Les CIVAM … et des diverses dynamiques qui se sont créées partout en France, comme le CLA de Dieulefit (voir : le site internet de la Sécurité Sociale de l’Alimentation). Localement, le CLA travaille main dans la main avec l’intercommunalité (PAT), la SAFER, Terre de liens et la chambre de l’agriculture de la Drôme sur les questions du foncier agricole et de l’installation de nouveaux paysans et paysannes dans l’optique de favoriser la résilience alimentaire du territoire.
image pincee de sel

Astuces

La mutualisation des bénéfices et déficits de chaque marché du territoire permet d’assurer la pérennité du système en garantissant à tous les producteur.ice.s de retrouver leurs prix de revient, ainsi de rassurer le plus de paysan.nes. Le système permet une solidarité entre les client.e.s qui s’associent librement pour accéder à une alimentation de qualité tout en permettant la juste rémunération des producteur.ice.s.

Le collectif rencontre plusieurs difficultés inhérentes à toute organisation : médiation entre les différent.es acteur.ices pour faire émerger la parole de tous type de citoyens afin de sortir de l’entre-soi, choix des financements de la structure, etc. Au sein du groupe, chacun vise à être à l’écoute des autres. Il semble important pour le collectif de pouvoir prendre le temps dans son action, et ainsi d’identifier les acteurs clés tels que la commune et/ou l’intercommunalité, dont le soutien est important.

document produit par Adrets

Auteur : Timothé Digne, Diane Hafkin et l'ensemble du collectif

Contact : Conseil Local de l'Alimentation de Dieulefit Diane Hafkin

Pour les joindre : caisse.alimentaire.ccdb@mailo.com

Pour en savoir plus : https://securite-sociale-alimentation.org/

Thématique
markerServices marchands et vie quotidienne
Public cible
markerPersonnes âgées
markerJeunes adultes
markerEnfance
Mode d'action

  • Partenariats / Mutualisation
  • Montage de projets locaux
  • Participation citoyenne
  • Gouvernance et intelligence collective